Quand l'école capitule, la société se délite
Comment admettre la passivité de la hiérarchie éducative devant la série d'agressions verbales, dont une menace de viol et de mort, subies durant ses cours par Karen Montet-Toutain, enseignante en arts plastiques à Étampes, poignardée sept fois par un élève ? "On trouvera où t'habites. On te mettra une balle dans la tête", lui lance ainsi un lycéen peu avant l'agression. Aucune réaction de sa direction et de l'inspection d'académie. Quand des professeurs se plaignent, l'administration préfère faire le gros dos. Jusqu'au drame.
Les enseignants se sentent de plus en plus la cible de l'hostilité de certains de leurs élèves qui sont dans une culture de la violence. Ils contestent sans cesse l'autorité et refusent le travail. Et, si les petits caïds ont l'impression que la classe est de leur côté et que les profs pètent les plombs, ils sont ravis. Ils ne connaissent que le rapport de forces : "On est tous obligés de se faire reconnaître pour ne pas se faire marcher sur les pieds. Pour être respecté dans les cités, il faut se faire un CV de la rue" explique un délinquant repenti, lui-même issu d'une culture africaine particulièrement rigide.
Karen Montet-Toutain a décidé de porter plainte contre l'Éducation nationale pour non-assistance à personne en danger, une première. Est-ce que ça va faire bouger les apparatchiks et les embusqués ? Vont-ils faire le choix de la résistance au lieu de fermer les yeux ? Le discours d'impuissance et de compassion qui prévaut depuis trente ans va-t-il cesser ? Il faut arrêter de culpabiliser les enseignant et de personnaliser des problèmes qui sont d'abord historiques et sociaux.
Le seul moyen de susciter des vocations et de remotiver les troupes est de marquer une rupture claire avec les décennies de laxisme et de démagogie que nous venons de subir. On attend un signe fort, un geste d'autorité, un soutien ferme aux personnels les plus exposés.