Le bac pour tous, la fac pour tous
M. Meirieu s'afflige que la fin du collège unique ne suscite aucune réaction : comme le système soviétique auquel il était apparenté, il disparaît en effet dans en catimini et l'indifférence générale. Personne ne lève le petit doigt pour le défendre ; plus personne ne croit à l'acharnement pédagogique, plus personne n'en veut. Chacun se sent même soulagé et content : la garderie sociale est finie. Ouf !
À quoi bon s'épuiser à faire boire des ânes qui n'ont pas soif ? Tout le monde n'apprécie pas Verlaine, c'est bien dommage, mais c'est ce que constatent les professeurs. Imposer la culture aux barbares est une entreprise vaine : autant donner de la confiture de myrtilles aux cochons ! Certains jeunes veulent travailler et gagner de l'argent honnêtement, l'apprentissage leur donne cette possibilité. Pourquoi la leur refuser ? Le sort des apprentis n'est-il pas au bout du compte préférable à celui des étudiants de certaines filières bouchées ? Leur avenir n'est-il pas mieux assuré ?
Le collège unique n'a pas échoué faute de moyens, mais parce qu'il ne prenait pas en compte la réalité humaine : il reposait sur des obsessions idéologiques absurdes et démagogiques. Or, les faits sont têtus et finissent toujours par se venger de ceux qui les méprisent.
LE MONDE | 27.03.06