La démocratie est-elle efficace ? (4)
Ce problème inhérent aux démocraties est plus ou moins marqué. Plus il y a de forces à l’œuvre et plus chacune d’elle a de pouvoir, plus on risque l’indécision.
Pour chaque décision politique (action collective complexe), on doit délibérer et il se passe au Parlement ce qui se passe dans ma tête : des forces se battent entre elles pour aboutir à une décision et à une action.
On n’a pas de problèmes pour prendre une décision concernant la répression de la pédophilie car tout le monde est d’accord. Pour les retraites c'est plus difficile car beaucoup de forces sont à l’œuvre. Cela dépend aussi du mode de scrutin. Il y a toujours eu 100 000 opinions différentes dans la société française. Mais si avec 1% des voix on peut avoir un député (scrutin proportionnel), alors en exagérant un peu on aura cent députés de cent partis différents. En revanche, si on a seulement deux grands partis (quand il faut au moins 5% ou 10% des voix pour être représenté), alors il n’y a que deux forces en présence, donc il est moins difficile de prendre une décision. La crise des démocraties de l’Entre-deux guerres et de la IVème République s'explique d’abord par le scrutin proportionnel, la multiplication des forces qu'il favorise et l'impuissance qui en résulte.
On remarque donc que la démocratie échappe au problème de l’inaction quand elle introduit une dose de non-démocratie dans son fonctionnement, quand elle s’arrange pour ne pas laisser s’exprimer trop d’opinions différentes. Soit avec le mode de scrutin, soit en donnant plus de pouvoir décisionnaire au président (il décide seul, donc plus rapidement), soit en manipulant les médias (la propagande permet au gouvernement d'imposer ses vues à l'opinion). Quand il y a une force majoritaire à l’œuvre dans la décision, on décide plus vite.